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Premier bilan d’étape : Terra 56, semaine 1, post 1

Terra 56 a maintenant une semaine d’existence.

Elle a déjà évolué, grâce à vous, mais ce n’est que le début, bien sûr…

graphonaute sf science fiction espace astronomie terre nouvelles utopiales

PENSER À METTRE À JOUR LES LIENS UNE FOIS L’ARCHITECTURE DU NOUVEAU SITE STABILISÉ

Pour pousser plus loin l’aventure, je vous invite particulièrement à suivre ces deux fils d’histoire :

  • dans le premier, la Version Rouge, il y a de la vie sur notre planète, mais une vie plus étrange et sans doute plus inquiétante qu’attendue.

C’est la contribution de Yahiko, visible ici.

  • Dans le deuxième, la Version Bleue, c’est la roche même, la géologie et le climat de notre planète qui perturbent nos explorateurs – et les premières tensions se font sentir parmi les membres de l’expédition.

C’est la participation de Mélody Gervais, visible ici.

Vous pouvez aussi continuer le texte de Félix Gouty, et nous dire ce que Léa a emporté comme échantillon avec elle – notre planète devient dangereuse, ici.

Soudain Léa poussa une exclamation

— Oslan ! Viens voir ça !

Interrompu dans ses propres observations, le géologue se précipita alors pour rejoindre sa jumelle.
— Ça grouille de vie là-dedans, Oslan, s’exclama Léa.

— Quel genre de vie ? Microbienne ? interrogea son frère.

— Difficile à dire pour le moment, il faudrait en ramener des échantillons dans le vaisseau pour les observer plus longuement. Mais regarde d’abord par toi-même.
Oslan se mit à la place de sa soeur, se penchant vers l’endroit exact où elle avait fait sa première découverte. A l’aide de son propre microscope de terrain, il observa la vie grouillante de cette Terre lointaine. Des organismes microscopiques semblables, pour les plus massifs à des copépodes et, pour les plus réduits à des microalgues planctoniques, de différentes tailles et formes, s’entre-dévoraient gaiment dans ce ruisseau extraterrestre.

— Tu as raison Léa, il faut absolument en rapporter dans le vaisseau !

Mais à l’instant où les scientifiques jumeaux s’empressaient de sortir le matériel adéquat de prélèvement, une voix grave et stricte se fit entendre derrière eux.

— Laissez tout sur place, il faut partir … tout de suite !  ordonnait le capitaine Hateya, pour mettre un terme à l’enthousiasme des chercheurs.

Durant leurs observations, elle était en effet restée à l’arrière, elle-même intriguée par ce qu’elle voyait dans les jumelles intégrées à sa combinaison. Le passage des volutes de poussière sur les pentes de la chaîne de montagnes voisine semblait avoir complètement décimé l’apparente végétation extraterrestre qui les recouvrait. Et à mesure que ce souffle de poussière se rapprochait du groupe, elle avait compris que ce qui le composait n’était pas inerte : de la vie grouillait aussi dans cette nuée. Comme des insectes ravageurs, les êtres qui peuplaient cette dernière avaient comme érodé tout ce qui dépassait de la surface des affleurements rocheux. Pour le capitaine Hateya, la déduction fut vite faite : si ces volutes de poussière vivante étaient capables de tels dommages, elles pouvaient facilement mettre en danger la sécurité de l’expédition.

— Oslan et Léa, retournez tout de suite dans votre véhicule !, s’égosilla une nouvelle fois le capitaine. Et n’emportez aucun prélèvement.

— Mais, dites-nous au moins ce qu’il se passe …, s’inquiéta Léa
 — Pas de discussion, c’est un ordre ! Allons, pressez-vous !, lui répondit Hateya, comme pour ne pas avoir à le répéter au reste de l’expédition.

— Ne t’inquiète pas Léa, j’emporte un échantillon, dis doucement Oslan pour rassurer sa soeur jumelle, alors qu’il l’aidait à embarquer dans leur véhicule tout-terrain. Tiens, mets-le vite dans une de tes poches, finit-il en lui passant discrètement un petit tube à essai rempli d’eau du ruisseau extraterrestre, nous l’analyseront ce soir, quand les autres dormiront.

Alors que le petit groupe de véhicules démarrait en direction du lieu d’atterrissage du vaisseau des Sourciers, Léa admira une dernière fois le petit échantillon avant de le cacher dans une poche de sa combinaison.

Ailleurs encore, la planète réagit étrangement face à nos astronautes, sous la plume de Noémie Buffet :   

— Quelque chose a bougé !

Tous se précipitèrent au bord du ruisseau. A quatre pattes, le nez rivé sur l’eau transparente, la capitaine cherchait comme tous les autres une trace, un mouvement. Il n’y avait bien que quelques centimètres de profondeur, apparemment pas grand-chose à explorer. A peine le filet creusait-il son chemin dans l’étrange roche, comme s’il s’était récemment perdu ici. Dans son minuscule lit, pas un caillou, un galet qui aurait pu abriter un quelconque organisme. Et pourtant…

Hateya cligna les yeux, secoua la tête. Le mouvement qu’elle avait cru percevoir n’était que la persistance rétinienne de sa contemplation. Elle n’était pas habituée à fixer aussi intensément un turquoise si vif.

— Soit tu as entraperçu un reflet, un caillou perdu… soit, de toute façon, nous finirons par trouver quelque chose dans vos analyses. Si nous suivions le – hum, courant ? Ma grand-mère disait toujours « les petits ruisseaux font les grandes rivières ».

La troupe acquiesça, et se remit en route. Oslan et Léa échangèrent un de ces regards profonds dont ils avaient le secret, accompagné d’un bref mouvement du poignet. La capitaine eu soudain l’intuition qu’ils avaient perçu plus qu’ils ne l’avouaient. Ils suivirent la journée durant le filet d’eau qui serpentait dans la plaine. La devise d’Hateya était mise à mal : aucun autre ruisseau ne venait se joindre à lui, et il restait ainsi, solitaire, presque paresseux, sans jamais ni faiblir ni grossir. Le sol même ne semblait pas absorber la moindre goutte, la poussière était comme repoussée par l’élément liquide. La même poussière formait à l’horizon un écran qui anéantissait tout espoir de distinguer, au loin, un étang, un lac, une mer… La nuit arriva, amenant un changement dans les couleurs du ciel. Il devint moins rosé, mais les deux lunes éclairait si bien que la luminosité semblait à peine avoir baissé. Le turquoise de la plaine agressait moins le regard, plus naturel sur le velours de la nuit. Hateya décida de monter le camp, quelques tentes auto-gonflantes et des lits sommaires. Les jumeaux étaient encore collés à leurs microscopes quand le reste de l’équipe s’endormit.

Hateya ouvrit les yeux. Le sommeil l’avait quittée brusquement, sans qu’elle n’en connaisse la cause. Probablement le temps d’adaptation au rythme de Terra Nova 56, plus lent que le temps spatial habituel. Elle sortit. Apprécier la beauté et le silence de la nuit était le privilège des Sourciers. Les deux lunes approchaient leur coucher. L’une d’elle s’enfonçait déjà derrière les cimes acérées des monts, laissant à sa sœur au quart la tâche d’illuminer le désert. Hateya ne pouvait détacher son regard des deux astres : plus que le doux soleil de la journée, leur éclat doré semblait lui conter milles légendes rappelant celles de la Première Terre. Un éclat soudain la détourna de sa contemplation. Elle contourna le campement, découvrant un peu plus loin deux silhouettes penchées. Les jumeaux. Un autre éclat. Bref, bleuté, léger – à peine perceptible. Hateya s’approcha. Oslan et Léa avaient retiré leurs gants, et se tenaient pas la main. Leur autre main libre, à chacun, caressait le filet d’eau, au mépris des consignes habituelles de sécurité. D’un regard, ils intimèrent Hateya au silence, et lui firent signe d’approcher. Elle n’aurait pas dû enlever ses gants de protection, et pourtant, une intuition, une envie, une vague de confiance lui ôta toute hésitation. Elle prit les deux mains que les jumeaux lui tendaient, formant une chaîne humaine, peau contre peau. Léa toucha l’eau du bout des doigts. Le temps se figea, et Hateya se mit à espérer… quoi au juste ?

Soudain, une lumière bleuté apparu dans l’eau. Un chevron qui parcourut quelques mètres avant de disparaître, cristallin, aérien. Un éclair de joie passa dans le regard des trois explorateurs. Léa retira sa main, le sourire aux lèvres. Oslan à son tour toucha l’eau : quelques longues secondes plus tard, un autre chevron lumineux traversait les flots.

— Cela fonctionne moins bien lorsqu’un seul de nous touche l’eau, avoua Léa. C’est indéniablement corrélé à notre action commune. Si Oslan et moi plongeons séparément nos mains, le ruisseau ne réagit que très peu. Si nous sommes reliés tous les deux, c’est mieux. Avec vous…

Un sourire finit sa phrase, réchauffant le scepticisme d’Hateya.

— Des cellules peuvent-elles être à l’origine de cette fluorescence ?

— Je n’ai encore rien détecté de tel dans l’eau, avoua Léa.

Pour masquer sa déception, Hateya se rapprocha du filet d’eau, y plongea deux doigts. Le liquide était tiède, en cohérence avec l’atmosphère tempérée du lieu. Quelques secondes d’attentes, puis un chevron lumineux traversa l’eau. Celui-ci était rosé.

Oslan fronça les sourcils, plongea à son tour ses mains dans l’eau. Eclat bleu. Prise d’une intuition, Hateya saisit les mains des jumeaux, et toucha l’eau. Un chevron rosé précéda deux chevrons bleus.

— Ça alors… l’eau ne semble pas réagir de la même façon selon la personne qui la sollicite, murmura Léa.

Après plusieurs essais, les jumeaux, éreintés, partirent se reposer quelques heures. Il serait bien temps, une fois le soleil levé, de tenter l’expérience avec les autres membres de l’équipage. Hateya resta seule, assise face au ruisseau, jouant de ses doigts à la surface. La plus forte gravité de la planète et l’air chargé en dioxyde de carbone lui tiraient la peau, mais elle n’en n’avait cure. Probablement que les analyses poussées d’Oslan mettraient à jour un jeu entre l’acidité de leurs peaux, la micro-tension électrique de leurs corps connectés ou d’autres phénomènes physiques totalement rationnels pour expliquer ces étranges lueurs. Elle voulait profiter de cet instant d’ignorance. Car, malgré ses doutes et son expérience, elle ne pouvait s’empêcher de penser que la planète lui parlait.

Grâce à Franck Mars, nos astronautes retrouvent un peu de bonheur terrestre :

« Nom d’un chien Oslan ! ». Oslan, un trentenaire athlétique au tempérament serré, était accroupi au bord du ruisseau. Sans exprimer de surprise et de fébrilité, il leva les yeux en direction de sa sœur. Léa se tenait debout, les bottes en travers du ru, et paraissait goûter à ce cours d’eau miraculeux, comme si elle y était entrée pieds nus. « Quelle joie…», dit-elle. Depuis le temps qu’ils voyageaient à travers le cosmos, ces descendants de bons vivants et habitants des grands lacs, n’avaient plus l’expérience des plaisirs simples. Léa avait délaissé l’oculaire et déposé son appareil au sol. Elle était à présent tendue comme un arc, les bras levés vers le ciel. Elle prit une profonde respiration. Bon sang, il lui parut que ce mince filet d’eau avait toute l’âme et la puissance de ces rivières perdues de son enfance ; ce ruissellement et clapotis des flots qui fabriquaient des têtes de coton et hypnotisaient les oisifs. Plus que de découvrir une trace de vie extraterrestre dans l’intimité du ru extra-terrestre, un désir intense de s’y baigner l’envahit alors. Il ne lui restait qu’à tirer sur la fermeture éclair de son imposante combinaison, d’en extraire chacun de ses membres, et de se jeter à l’eau. Oslan s’était approché de sa sœur en silence, et la ceintura lentement pour contenir sa stupeur. « Ce n’est pas une bonne idée » chuchota t-il à la radio, « d’autant que nous ne sommes pas seuls ici. Regarde ».

Bertrand Massé propose une forme de vie :

Les membres de l’équipe se tournèrent tous vers elle, elle les regarda l’air interloqué, puis l’information sorti de sa bouche : « L’eau contient des acides aminés, on n’avait jamais vu ça avant sur une exo-planète »

D’autres contributions arrivent, elles sont en cours de peaufinage.

En attendant, n’hésitez pas à continuer la Version Rouge, la Version Bleue

ou celui des textes ci-dessus qui vous inspire…

et bien sûr, vous pouvez toujours repartir du début, ici.  

 

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